vendredi 20 juin 2014

Perinthos en pleine page du journal Hürriyet

La dernière page du quotidien Hürriyet du mardi 17 juin 2014 n’est pas ordinaire ! Elle publie l’appel au peuple que lance un citoyen de Marmara Ereğlisi, clamant son indignation à propos du sort réservé aux vestiges de la ville antique de Perinthos.



Cette annonce ne pouvait que m’interpeller car depuis plusieurs étés je ne manque pas de suivre l’avancée des fouilles saisonnières qui se déroulent dans cette petite ville de Thrace, à 100 km d’Istanbul, dégageant lentement les restes d’une basilique byzantine. J’ai déjà eu l’occasion de vous en parler.


Le Professeur Dr. Mustafa H. Sayar de l’Université d’Istanbul, rencontré sur les lieux, avait même  pris le temps de m’expliquer que Perinthos était un site d’un grand intérêt archéologique, comparable à Ephèse… renforçant ainsi mon espoir d’assister enfin prochainement au réveil de la cité oubliée, dont la visite se limite pour l’instant à quelques éléments (sarcophages et colonnes) réunis dans un petit parc, loin du passage d’éventuels curieux, et de quelques vestiges exposés au musée de Tekirdağ.

J’avais même cru comprendre que la municipalité faisait miroiter l’élaboration d’un projet associatif pour soutenir les recherches archéologiques dirigées par M. Önder Öztürk, directeur du musée de Tekirdağ. Mais ces promesses ne cherchaient apparemment qu’à camoufler d’autres projets moins avouables, puisque dans le même temps elle laissait remblayer un autre terrain qui abritait lui aussi des vestiges d’importance, tout près de la route principale bordant la petite ville, mais que son propriétaire destinait à la construction d’une station d’essence.

Avec les déclarations de M. Ertan Furtun s’étalant sur toute la couverture arrière du journal Hürriyet (tirage environ 380 000 exemplaires) et détaillant les péripéties juridiques de l’affaire, l’ignorance n’est plus permise. Il somme les autorités compétentes à mettre tout en œuvre pour sauver ces vestiges avant qu’il ne soit trop tard.
Il reste à souhaiter que cette audacieuse initiative qui prend tous les lecteurs à témoin ne reste pas lettre morte! 
La période estivale voit les villages alentours se peupler de nombreux citadins stambouliotes et autres qui ne devraient pas rester indifférents. Depuis le village de Yeniçiftlik, tout proche, je ne manquerai pas de guetter les suites de ce très explicite appel à réagir, qui avec humour mais détermination invite ses concitoyens à se réveiller, utilisant un jeu de mot avec le nom du maire de Marmara Ereğlisi, İbrahim UYAN*, qui lui aussi aurait intérêt à se réveiller très vite pour ne pas ternir davantage l’honneur de son patronyme et l’image de son parti politique CHP.

*UYAN = réveille-toi


lundi 16 juin 2014

Les passagers de l’Orient Express en voiture !


Non ce n’est pas en train de luxe que je suis rentrée à Istanbul (le dernier direct est parti de la gare de Lyon le 20 mai 1977), mais pendant ce séjour parisien je ne pouvais pas faire l’impasse d’une visite de l’exposition qui lui est consacrée à l’Institut du Monde Arabe jusqu’au 31 août 2014.


La locomotive accroche le regard des passants, aiguisant leur curiosité. Le parvis s’est transformé en gare pour l’occasion. 






Pour la visite du train mythique, il faut parfois s’armer de patience, mais ce jour là, la file d’attente était raisonnable. Par petits groupes on parcourt l’enfilade des wagons pour un voyage dans le temps, à l’époque où précisément le rêve de franchir des milliers de kilomètres en quelques jours était rendu possible, bien que fort coûteux et réservé à quelques privilégiés.


Alliant luxe, confort et raffinement il était surnommé « Le roi des trains, le train des rois » et contribua à alimenter l’orientalisme, courant littéraire et artistique occidental du 19e siècle.




Quelques mises en scènes dans les trois voitures, Flèche d’Or, wagons-lits et Train bleu (bar-restaurant), évoquent d’illustres passagers, Pierre Loti, Agatha Christie et Max Mallowan (son mari archéologue) , Graham Greene, Mata Hari, Joséphine Baker … 








...Des personnages de romans ou de films que l’imagination de leurs auteurs a fait évoluer dans ces décors, d’Hercule Poirot à James Bond…



Tous les objets d’époque, jusqu’aux sucres, sont soigneusement fixés aux supports pour prévenir toute tentative indélicate de subtiliser un souvenir !

La visite continue sur deux niveaux du bâtiment de l’IMA pour en savoir plus sur le projet ambitieux de son concepteur Georges Nagelmackers, sur les anecdotes, les événements historiques dont le train servit de cadre pendant presque un siècle, les affiches, les photos d’époque, l’impact qu’il eut sur le développement du tourisme, véhiculant au long des pays traversés, en plus de ses passagers, une nouvelle idée du voyage.

Les premiers wagons étaient en bois







Des étiquettes de bagages


Les premiers guides touristiques

Il est prévu que l’exposition « Il était une fois l’Orient Express » poursuive son périple dans d’autres villes, Venise, Istanbul, Vienne, Liège, Berlin, Lyon, Londres… La programmation est en cours.

samedi 14 juin 2014

La coriandre: aromate et épice

Les feuilles de coriandre sont très aromatiques et parfument les préparations culinaires depuis des millénaires, en Chine et au Maghreb principalement. Elles sont les ingrédients indispensables des curry verts thaï et des chutneys indiens, et sont désormais ajoutées couramment aux marinades et salades méditerranéennes, de préférence avec modération car leur arôme est puissant. En Turquie leur utilisation est assez récente et la coriandre fraîche encore difficile à trouver sur les marchés.
Par contre les graines, qui sont  sans doute une des toutes premières épices de l’humanité, se récoltent en abondance en Anatolie et sont traditionnellement utilisées moulues dans la cuisine turque. Leur saveur est plus discrète que celle de la feuille.


La coriandre parfume de nombreuses soupes, les farces pour légumes (tomates, courgettes, poivrons, feuilles de vignes…) et pour feuilletés (divers börek à la viande, aux pommes de terre…), les marinades de viande ou de poisson. Elle entre en bonne place dans la composition du mélange pour boulettes (köfte baharı)  et du mélange pour farces (dolma baharı).
Cette popularité est probablement due à une connaissance empirique de ses propriétés digestives, confirmées par les scientifiques.
D’ailleurs, de minuscules bonbons à la coriandre (kişniş şekeri), graine enrobée de sucre blanc ou coloré, spécialité des plus grands confiseurs d’Istanbul, sont souvent présents sur les tables des repas de fête. L’origine de cette coutume pourrait bien résulter d’une attentive prévenance de l’hôte pour le confort de ses convives !

Les 2 photos suivantes ont été empruntées de sites internet