vendredi 19 décembre 2014

Guirlandes et cotillons à Istanbul

A Eminönü près du marché aux épices, la foule se bouscule dans les ruelles de Tahtakale.
Plus que quelques jours pour préparer les festivités.
Accessoires de table, décorations lumineuses, guirlandes et cotillons sont à l’honneur. On y rencontre même le Père Noël ! 


Bonne fêtes de fin d'année et à l'année prochaine... Inch'Allah 


"C'est un son plein de sourires dans un climat tendu
Qui espère et respire dans cette époque tordue
C’est le son qui propose des virages des voyages,
Des clameurs, des visages,
C’est le son des mariages

Et si on chantait de toutes les couleurs
Inch'allah
On va faire danser les corps et les coeurs
Inch'allah
Si on est tous ensemble, ça nous suffira
Inch'allah
Si nos voix se rassemblent on nous entendra
Inch'allah

C’est le son qui éclaire, qui partage et rassemble, c’est les beaux quartiers qui dansent avec les grands ensembles
Inch'allah
Ceux qui souhaitent un pays convivial alors ils croient en une autre identité nationale
Inch'allah
C’est le son qui rêve en réalité et change les mentalités, tue la morosité
Inch'allah
Il invente, imagine et renverse les clichés établis et oublie leur tristesse
Inch'allah
Tous les codes sont bannis et révisés, on mettra des baggys jusqu'à l'Élysée
Inch'allah
Plus de quotas dans le foot, ni ailleurs, peu importe la couleur on gardera les meilleurs
Inch'allah
Les blaireaux, les fachos c'est la même, c'est quand y en a beaucoup que ça pose des problèmes
Inch'allah
On va marier Nassim & Delphine, pas seulement pour la rime, un second tour sans marine

Et si on chantait de toutes les couleurs
Inch'allah
On va faire danser les corps et les coeurs
Inch'allah
Si on est tous ensemble, ça nous suffira
Inch'allah
Si nos voix se rassemblent on nous entendra
inch'allah

C'est le son qui réécrit l'histoire, sortez tous dans la rue, on va chanter l'espoir
Inch'allah
L’espoir que pourra changer ce monde, on s'crois'ra forcément puisque la terre est ronde
Inch'allah
L’espoir que les choses puissent avancer, qu'on aime tous les accents quand on parle en français
Inch'allah

L’espoir qu'un jour se sera normal, de voir des blog party à l'Assemblée nationale
Inch'allah
Les képis policiers, les kippas, les tchadors, les casquettes à l'envers même combat
Inch'allah
Les bobos, les prolos, les bourgeois, les perdus, les nantis, les patrons, les cailleras
Inch'allah
Vous êtes tous invités sur la piste, c'est la danse de demain quelque peu utopiste
Inch'allah
Mais cette époque a besoin d'espoir, soyons un peu rêveur, faut y croire pour le voir

Et si on chantait de toutes les couleurs
Inch'allah
On va faire danser les corps et les cœurs
Inch'allah
Si on est tous ensemble, ça nous suffira
Inch'allah
Si nos voix se rassemblent on nous entendra
Inch'allah..."

lundi 8 décembre 2014

La medrese Rüstem Pacha

La construction des mosquées impériales ottomanes à Istanbul s’inscrivaient le plus souvent dans un projet socio-religieux et étaient entourées de divers édifices d’utilité publique, école, medrese, hammam, soupe populaire, hospice, bibliothèque, caravansérail etc.
L’élite gouvernante fut très tôt associée à cet effort d’urbanisation pour imposer une nouvelle image de la ville et confirmer la puissance des sultans ottomans. (Ex : complexe de Mahmut pacha, grand vizir de Mehmet II, 15e siècle)
D’autres ont continué d’y apporter leur contribution.
Celle de Rüstem Pacha, l’un des grands vizirs de Soliman le magnifique, a la particularité d’être représentée par trois édifices d’exception réalisés par le talentueux Mimar Sinan. Autre particularité, ils ne sont pas situés dans un périmètre restreint comme on aurait pu s’y attendre. Le caravansérail, très délabré, servant actuellement de dépôt et d’ateliers, ne se trouve pas dans la péninsule historique mais de l’autre coté de la corne d’or, vers Karaköy dans le quartier de Perşembepazarı, espace commercial et artisanal vétuste, spécialisé aujourd’hui dans l’outillage et la quincaillerie. Ce caravansérail (dénommé aussi kurşunlu han) retrouvera-t-il un jour une allure plus digne de son architecte?  
La mosquée que Rüstem Pacha commandita est cependant toujours bien entretenue et reste un joyau qu’il faut absolument visiter.
Enfin, la medrese, très endommagée par un incendie en 1918 puis longtemps oubliée, a fait l’objet d’une restauration récente. L’inauguration a eu lieu à l’automne 2012. Située dans le quartier Sultanhamam, entre Eminönü et Cağaloğlu elle se trouve sur la gauche de la rue Mahmutpaşa qui monte au Grand Bazar, coincée dans les ruelles occupées par les grossistes en textile.



   
Rares sont les commerçants qui pourront vous aider à la localiser.
Pourtant l’édifice est imposant. L’un des murs extérieurs délimitant une surface presque carrée (42 sur 43m) longe la rue Hoca Hanı.
Le portail est entrouvert.


Poussons le pour découvrir la superbe cour intérieure octogonale bordée d’une galerie aux 24 arcades surmontées d’autant de coupoles. 



Au centre, la fontaine au toit conique pyramidal reprend la forme géométrique à huit pans de celle trônant au milieu de la cour de la medrese Şehzade Mehmet. Elle fait aussi penser au kümbet, sépulture seldjoukide.




Une coupole plus vaste recouvre la grande salle d’étude flanquée d’une enfilade de cellules, anciennes salles de lectures et dortoirs des étudiants, dont cinq abritent le musée désormais consacré à Said Nursi (1878-1960), auteur des Risâle-i Nûr Külliyatı ("Traités de Lumière") prônant la nécessité de réconcilier la foi, la raison, et la modernité. Toutes les portes sont fermées. Pour y accéder, il faut appuyer sur la sonnette à l’entrée.
L’austérité des lieux n’invite cependant pas à prolonger la visite. Un peu trop désert, un peu trop vide pour s’y sentir à l’aise. D’ailleurs dès le portail refranchi, une main l’a poussé pour le fermer. J’y reviendrai aux beaux jours, pour ne pas rester sur la regrettable impression que le visiteur curieux d’architecture n’est pas le bienvenu dans cet endroit apparemment réservé aux initiés.
Peut-être pourra-t-on s’y asseoir pour boire un thé tout en admirant à loisir ce chef d’œuvre géométrique de pierre dont Mimar Sinan termina la construction en 1551.




mercredi 3 décembre 2014

Une autre mosquée bleue… Celle de Rüstem Pacha


Elle n’est pas impériale et ne possède qu’un minaret. Elle fut construite au milieu du 16e siècle par le plus grand architecte ottoman Mimar Sinan, commanditée par un des personnages le plus riche de l’empire, grand vizir et époux de Mihrimah, la fille du sultan Soliman le Magnifique. La mosquée Rüstem Pacha se situe symboliquement au pied de la colline dominée par la silhouette majestueuse de la Süleymaniye qu’édifia Sinan à la même époque pour le Sultan. A droite du marché aux épices, son dôme et ses coupoles se distinguent facilement sur la place d’Eminönü. 



Par contre ses accès se fondent discrètement dans l’imbroglio des ruelles commerçantes qui la cernent. Il faut gravir l’un des deux escaliers pour atteindre la cour en terrasse et la galerie surplombant des échoppes nichées sous des arcades à peine visibles.





La façade de l’édifice religieux est ornée de magnifiques panneaux de carreaux d’Iznik



L’un d’eux porte les traces de dégradations subies lors des séismes et d’une reconstitution de fortune, façon patchwork, réalisée à une époque indéterminée.


Dans le panneau juste à droite du portail principal est inséré un carreau particulier illustrant une page d’histoire de la mosquée sacrée de La Mecque, à l’époque où elle n’avait pas encore sept minarets.


Il est temps d’aller voir la décoration intérieure en empruntant la petite porte sur la gauche réservée aux visiteurs. 


L'espace lumineux est ponctué de boiseries sombres délicatement ouvragées.





Un camaïeu de bleu évoque la mosquée du Sultan Ahmet (plus connue sous le nom de mosquée bleue) qui sera construite quelques cinquante ans plus tard par un élève de Sinan.








Il est à noter qu’on trouve rarement dans les mosquées construites par le grand architecte Sinan (Şehzade Mehmet, Süleymaniye, Selimiye…) une telle profusion de faïences d’Iznik. Généralement réservées à la décoration des palais, des pavillons et des türbe, Mimar Sinan ne les a utilisé qu’en touches discrètes dans les édifices religieux, en complément des peintures rehaussant les lignes architecturales ou en bandeaux de calligraphies, exception faite de la mosquée de Sokullu Mehmet Pacha.
On peut imaginer que les commanditaires firent ce choix pour compenser une architecture à leur goût trop modeste. Ne nous privons donc pas de l’élégance de ces panneaux, de ces bordures où un motif floral s’inscrit dans une répétition géométrique propice à la méditation, ou bien à la contemplation avec ces compositions végétales somptueuses de style saz aux tiges fleuries ondulantes garnies d’œillets, jacinthes, églantines et tulipes se mêlant à des motifs de nuages et de feuillages réalistes ou imaginaires, dans une palette incluant le fameux rouge en léger relief.









Cette succincte présentation est juste un alibi pour partager une sélection de mes photos prises au gré des nombreuses visites de ces lieux… dès que l’occasion se présente.


mercredi 26 novembre 2014

Exposition de parures urartéennes à Istanbul


Le musée Rezan Has, situé dans les bâtiments de l’université Kadir Has, présente actuellement et jusqu’au 31 juillet 2015, une collection de parures et bijoux provenant des fouilles archéologiques effectuées à Altıntepe près d’Erzincan, la plus occidentale citadelle urartéene connue. Près de 1000 pièces sont exposées : épingles de vêtements à la tête finement ouvragée, fibules, bracelets, bagues, boucles d’oreilles, amulettes et colliers. 










Des ceintures métalliques sont ornées de reliefs illustrant des scènes de chasses, de combats, d’offrandes ou de festins, d’autres représentent des animaux fantastiques. Elles offrent des pistes d’interprétations sur la vie, les préoccupations, les croyances des hauts personnages de l’époque.










Cette civilisation d’Anatolie orientale, contemporaine de celles des Phrygiens et des Assyriens, s’est développée dans la région du lac de Van probablement vers la fin du 2e millénaire comme en attestent des tablettes assyriennes, la désignant sous le vocable d’Urartu (orthographié aussi Ourartou). Les inscriptions royales gravées sur des blocs de pierre des édifices ou des rochers, en langue urartéenne (du même type agglutinant que le hurrite), privilégient cependant Biaineli, qui signifierait peuple du pays de Bia.
Ce n’est qu’au début du 1er millénaire av. JC que s’affirme leur puissance par des conquêtes successives et la création d’un état centralisé capable de résister aux expéditions assyriennes. Par la suite le royaume se distingue par sa capacité à mettre en valeur ses territoires par l’exploitation de riches ressources minières (or, argent, cuivre et fer) et des travaux d’irrigation pour développer l’agriculture dans l’environnement aride des hauts plateaux dominés par le mont Ararat.

Crédit photographique Wikipedia. En rose foncé : extension approximative de l'Urartu au 8e siècle av. JC. et dans la première moitié du 7e siècle av. JC. En rose clair : zones sous influence urartéenne vers 750 av. JC
Les vestiges de citadelles, palais, sanctuaires, entrepôts de denrées alimentaires et tombes rupestres ou maçonnées, témoignent d’une grande maîtrise architecturale. Les principaux sites sont en Turquie, en Arménie et en Iran. Le musée des civilisations anatoliennes à Ankara et celui de Van réunissent des échantillons représentatifs d’artefacts, de pierres gravées d’écriture urartéenne cunéiforme et d’autres vestiges significatifs de cette civilisation disparue. 
La souveraineté du royaume d’Urartu a pris fin dans les années 600 avant JC, sous la pression des Cimmériens et des Scythes.