samedi 21 avril 2012

La mosquée du Prince – Şehzade camii


Entre deux bourrasques et deux averses, les tulipes ont bien du mal à garder la tête haute.
Tout près de l’aqueduc de Valens, dans le parc qui précède le complexe de la mosquée du prince Mehmet, quelques plates-bandes s’invitent cependant sur la photo.



Le jeune héritier, mort à 23 ans, deuxième fils de Soliman et premier de Hürrem (Roxelane), de tempérament délicat et poète, apprécierait l’attention…
Pour commémorer sa mémoire, le sultan éploré commanda la construction du mausolée et du complexe religieux à l’architecte Sinan encore au tout début de sa longue carrière. Il n’avait alors réalisé que la mosquée Haseki Sultan édifiée pour Hürrem, et entrepris à Usküdar celle de Mihrimah (fille de Soliman et de Hürrem).






Commencée en 1544, la construction fut achevée en quatre ans. La mosquée Şehzade présente un plan carré surmonté d'un dôme central reposant sur quatre piliers et entouré de quatre demi-coupoles. Les deux minarets sont décorés de motifs géométriques en relief. Elégance et sérénité caractérisent déjà l’agencement intérieur.





L’architecte qui va marquer de son empreinte le style ottoman classique invente pour chaque projet de nouvelles techniques qui le conduiront à la réalisation de son chef-d’œuvre, la Selimiye d’Edirne édifiée entre 1568 et 1574 et inscrite au patrimoine de l’Unesco en 2011.
Pour la Şehzade, Mimar Sinan utilise pour la première fois la technique consistant à masquer les contreforts extérieurs par des galeries à colonnades sur deux des façades.


Les murs de la cour à portiques qui précède le bâtiment sont percés de fenêtres surmontées de compositions géométriques colorées toutes différentes.




La salle de prière est particulièrement fréquentée les vendredis mais les femmes sont nombreuses à se recueillir autour de l’arbre creux plusieurs fois centenaire réputé pour exaucer les vœux de fécondité.


Dans un enclos non accessible, deux mausolées jouxtent la mosquée.




Le türbe du prince Mehmet, de structure octogonale, est décoré de pierres polychromes, et surmonté d’une coupole cannelée. L'intérieur est parait-il intégralement recouvert de très rares faïences d'Iznik mais non visitable depuis longtemps, pas plus que son voisin, celui du grand vizir Rüstem Pacha (époux de Mihrimah). On ne peut qu’imaginer la décoration intérieure qui rappelle probablement celle de la superbe petite mosquée qui porte son nom et également une œuvre réalisée par Sinan.
Un autre türbe se trouve près d’une entrée du complexe. Il fut ajouté plus tard par l’architecte Dalgic Ahmed Cavus pour accueillir en 1601 la dépouille d’Ibrahim pacha, grand vizir et gendre de Murad III. Fermé également au public, on peut apercevoir par les fenêtres la décoration intérieure de faïences d’Iznik plus tardives.


Certes, d’autres türbe longtemps inaccessibles peuvent être visités depuis 2009 dans l’enceinte du musée de Ste Sophie… en attendant de pouvoir admirer un jour ceux-là.   
Désagréable surprise, les portes de la medrese sont closes. Les lieux ont pourtant accueilli récemment mais brièvement un restaurant. Par les ouvertures, on peut voir un bric à braque incompréhensible dans la cour intérieure. Vestiges d’une kermesse, d’un décor de cinéma ?




Les fumets d’une cuisine traditionnelle se sont évaporés et l’endroit est visiblement à l’abandon depuis quelques temps. Pour savourer quelques instants de quiétude après avoir déambulé dans le jardin et visité la mosquée Şehzade il faudra partir un peu plus loin, du coté de la medrese de Cafer Ağa (entre Ste Sophie et la mosquée bleue) ou la medrese de Hüseyin Ağa (à coté de la mosquée Küçük Aya Sofia) par exemple… 



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