vendredi 23 septembre 2011

En juin dans la province d’Hatay – Antakya (2)




Sur la rive droite du fleuve Asi, à flanc de montagne, la vieille ville a été classée site urbain historique mais les propriétaires d’origine ont depuis longtemps abandonné leurs demeures pour s’installer dans les nouvelles constructions des quartiers modernes. Les occupants actuels, souvent issus de l’immigration rurale commencée dans les années 80 sont pour la plupart dans l’impossibilité d’entretenir et de restaurer ces bâtisses impressionnantes qui tombent en ruines.





Un plan de réhabilitation est en cours de réalisation mais la tâche est colossale et les financements insuffisants. De plus, les ouvriers spécialisés capables de mettre en applications les techniques anciennes sont rares. Des tentatives louables sont entreprises parfois au détriment de l’authenticité…






En attendant, une habitante d’Antakya, passionnée d’architecture, nous a guidé et fait ouvrir quelques portes de ces maisons toutes plus belles et délabrées les unes que les autres, laissées à l’abandon ou habitées vaille que vaille.






Elles ont encore fière allure ! Généralement, un couloir mène à une cour intérieure ombragée d’arbres fruitiers, encadrée de bâtiments aux façades élégantes, sobres ou somptueuses.







Dans les pièces, les vestiges des décors laissent imaginer les splendeurs passées, marbres, plafonds ouvragés, boiseries…






Sur les portes étroites ouvrant sur la rue, les heurtoirs (souvent en forme de main) servaient autrefois à signaler si le visiteur était un homme ou une femme selon le nombre de coups portés.




En cheminant dans les ruelles on constate que les lieux de culte des musulmans, des juifs et de différentes communautés chrétiennes se côtoient et que la tolérance n’est pas ici un vain mot. Des croyances différentes n’entament en rien le climat chaleureux d’amitié et de respect qui règne ici. Tous aiment leur ville et ont l’air de s’y sentir bien.


Eglise protestante, fondée en 2000 par un révérend coréen et abritée dans un immeuble d’architecture ottomane, ancien établissement bancaire.
 
Eglise syro-orthodoxe arabophone, Saints-Pierre-et-Paul, construite au 19e siècle.

La mosquée Habib-i Neccar, retiendra l’attention parce que son histoire résume en grande partie celle de la ville et qu’elle abrite le tombeau de l’un des premiers chrétiens et martyr d’Antioche.




Le charpentier Habib aurait été le premier ici à croire aux paroles de St Pierre, apôtre de Jésus venu prêcher dans la région, et ayant réalisé le miracle de guérir son fils grabataire. Il fut décapité sur les flancs du mont qui porte encore son nom et sa tête dévala la pente jusqu’aux ruines d’un temple hellénistique. Une église fut construite sur cet emplacement au 1er siècle. En 636, avec l’arrivée des arabes, au même endroit, une mosquée fut construite pour la première fois en Anatolie. Les Byzantins de retour la transformèrent en église. Elle redevint lieu de culte musulman avec l’occupation des Seldjoukides de 1084 à 1098. Les croisés l’utilisèrent un temps comme église mais l’édifice était en ruine quand 170 années plus tard les Mamelouks arrivèrent à les chasser. Une nouvelle mosquée fut reconstruite en 1268, à peu près celle que l’on voit aujourd’hui. Entretenue par les ottomans depuis leur conquête de la ville en 1517, il lui fut ajouté une école religieuse (medrese). Le minaret date du 17e siècle. Elle a subi une grande restauration au 19e siècle et l’ajout du şadırvan (fontaine d’ablution dans la cour).

La mosquée près du pont, Ulu cami, héritée des Mamelouks, est aussi très ancienne. Elle présente aujourd’hui l’architecture typique des premières mosquées ottomanes.

Tout près de là, sur la place, la dégustation d’une spécialité sera l’occasion de faire une pause. Que diriez-vous d’un künefe de Ferah? La boutique ne paie pas de mine mais le dessert (sorte de vermicelles au fromage et sirop, servi chaud) y est excellent ! L’affluence des clients confirme que c’est la bonne adresse. (A suivre…)



2 commentaires:

  1. Hatay est vraiment un lieu étonnant, presque plus la Turquie, qu'il faut voir, pour le parc, par exemple, et goûter, pour le künefe, par exemple. Dolasa y avait flâné, et proposé un regard, elle aussi :
    http://dolasadolasa.wordpress.com/2010/05/22/hatay-le-parc-et-lassiette/

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  2. Oui, il règne une atmosphère très particulière à Antakya. Les regards croisés permettent à ceux qui ne la connaissent pas encore de s'en faire une idée. J'ai apprécié le künefe mais les bancs du parc, je n’ai pas eu le temps de les tester. Trop de choses à voir dans la région et peut être aussi pas envie de s’attarder trop près du fleuve Asi qui au mois de juin déjà n’exhalait pas des parfums enchanteurs… Pour une sieste digestive, mieux vaut aller du coté d’Harbiye…

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