samedi 18 avril 2009

Exposition « Témoins Silencieux du Néolithique aux Seldjoukides »


Jusqu’au 31 décembre 2009, tous les jours de 9h à 18h, une impressionnante collection de pièces pour la plupart accessibles uniquement aux spécialistes jusqu'à aujourd’hui, sont exposées au sous-sol de l’université Kadir Has. Elles proviennent de la collection du Musée Halûk Perk qui n’a pas pour vocation d’exposer mais de conserver les pièces à des fins de publications et de recherches scientifiques.
C’est donc, pour le public, une occasion exceptionnelle de les découvrir.

Plutôt qu'une époque, le Néolithique est considéré par certains auteurs comme un stade culturel défini par un ensemble de caractéristiques techniques, économiques et sociales.
Cependant les préhistoriens s’accordent pour reconnaître qu'un des foyers de néolithisation les plus anciens se situe dans le croissant fertile, au Moyen-Orient, vers la fin du IXe millénaire av. J.-C.

L’exposition « Témoins Silencieux du Néolithique aux Seldjoukides » couvre une période de 9000 ans et met l’accent sur les profondes mutations liées à la sédentarisation des populations qui se sont installées en Anatolie.
Cette exposition témoigne des progrès des civilisations successives pour apprivoiser la nature, améliorer leur vie quotidienne, les relations sociales et commerciales. Ce lent processus a débuté il y a environ dix mille ans.

























Une place de choix est consacrée à l’importante et influente civilisation Ourartou (entre les IXème et VIème siècle av. JC.) qui avait fait l’objet d’une intéressante exposition au centre culturel Yapı Kredi Vedat Nedim (vers le lycée Galatasaray) en octobre 2003.

Malgré la présence de pièces remarquables telles qu’une superbe baignoire en bronze datant de plus de 2000 ans, des pointes de flèches en obsidienne, des figurines attendrissantes, des mesures de poids étonnantes, et autres outils judicieux… mon attention n’a pas manquée d’être attirée par les nombreuses pièces de céramique parce que plus que tous les autres matériaux, ce témoin fragile de l’activité humaine capable de traverser les millénaires me touche particulièrement. Une technique simple mais efficace !

Sa fragilité même a nécessité une production constante accompagnée d’une évolution et d’un renouvellement des formes permanents qui donnent des informations si précieuses aux archéologues du Néolithique et du Chalcolithique.
Et la céramique ne se contente pas d’être seulement utilitaire.
Des statuettes en terre cuite révèlent des préoccupations spirituelles et religieuses.
Une recherche esthétique s’exprime dans la décoration des poteries. Elle est remarquable dans la production de ceramiques seldjoukides exposées.



Une précédente exposition, l’année dernière dans ces mêmes lieux, présentait une belle collection de « boncuk » et de colliers.

Au delà de l’intérêt archéologique des objets présentés et de la qualité de leur mise en valeur, la vaste salle d’exposition de l’Université Kadir Has possède un autre attrait lié aux traces du passé chargé d’histoire qu’elle recèle…
Citerne byzantine au VIIe siècle, hammam ottoman au XVIe siècle et fabrique de tabac jusqu’en 1995, avant d’abriter depuis janvier 2002 un élégant campus, cet endroit mérite doublement une visite.



Musée Rezan Has
Université Kadir Has
Kadir Has Caddesi, Cibali-Istanbul
Tél: (212) 533 65 32/
www.rhm.org.tr








mardi 14 avril 2009

"Göbekli Tepe" dans GEO


Un numéro de GEO pour voyager... et rêver! En particulier pour découvrir le sanctuaire néolithique de Göbekli Tepe (à 15 km d'Urfa)... Nécropole chamanique? Lieu de rassemblement de chasseurs-cueilleurs?
No 362 - Avril 2009
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Lire aussi:
* "On a retrouvé Eden" (Imaginascience)
* Dossiers d'Archéologie n° 281 - Mars 2003 -

vendredi 10 avril 2009

4e Festival International de la Tulipe à Istanbul

La “Tulipomania” prend de l’ampleur !

Il y a 3 ans, on voyait partout ce panneau publicitaire!

Chaque année de plus en plus de bulbes sont plantés et aucun quartier n’est épargné ! Les bordures d’avenues, les plates-bandes se colorent en avril et les jardins sont féériques.
Les lieux historiques redoublent d’attrait au grand bonheur des touristes de passage dans la mégapole à l’occasion des vacances de Pâques.
Ils découvrent que le nom de cette fleur en français vient d'un mot turc "tülbent", lui-même dérivé du Persan "dil-bent" qui signifie voile, tissu léger et aérien évoquant la fragilité des pétales de la fleur (et non de "türban", couvre-chef des ottomans) et du même coup leurs certitudes sont ébranlées concernant la provenance de cette "lale" qu’ils croyaient typiquement hollandaise.
Ce symbole d’Istanbul est maintenant incontournable… et le temps des tulipes est revenu!

mardi 7 avril 2009

Souvenirs d’enfance d’une fille unique

Mes premiers livres offerts par ma marraine



Evocation d’un temps que les moins de quarante ans n’ont pas connu….
Pour mon anniversaire, ma marraine m’avait consacré un après midi dans un grand magasin, Le Printemps ou La Samaritaine, je ne sais plus.

Mais ce dont je me souviens c’est du rayon librairie qui me fascinait… Des centaines de titres s’étalaient sur les rayonnages et en particulier ceux de la bibliothèque rose qui monopolisaient toute mon attention. J’eus beaucoup d’hésitations pour choisir les deux livres qu’elle voulait m’offrir. Au bout d’un certain temps j’en pris un : « Le Club des Cinq en roulotte ». Plus que le titre, l’image de couverture semblait résumer tout ce qui me manquait… Un groupe d’enfants gambadant avec détermination vers l’aventure en compagnie d’un chien… J’avais trouvé un trésor !
Les personnages d’Enid Blyton : François, Mick, Annie, Claude et Dagobert devinrent mes amis avec lesquels je partageais des instants "formidables", impossibles à imaginer, pleins de mystères et de fraternelle complicité.
Ce fut le début d’une grande passion pour la lecture, l’évasion vers des univers inconnus…
Pour le deuxième, peu m’importait et ma tante finit par me mettre dans les mains un autre volume qui, pensait elle, devait être lu par une petite fille… « Les malheurs de Sophie »… ou peut être bien « L’Auberge de l’ange gardien ». La Comtesse de Ségur était encore l’auteur incontournable des lectures enfantines !

samedi 4 avril 2009

Aphrodisias en avril

Depuis des années on devait y aller…
Un séjour à Izmir fut l’occasion de la découvrir en avril 2008… Pas moins de 240 km nous attendaient…

Après avoir quitté l’autoroute Aydın-Denizli, un peu après Nazilli, des panneaux indiquent la proximité du site. La petite route qui mène à Geyre traverse la campagne verdoyante plantée de vignes et de figuiers… Une cigogne évolue majestueusement au dessus de nous…



Jusqu’au dernier moment, rien ne laisse deviner qu’on approche du but ! Aphrodisias continue à se fait désirer. De la route, c’est à peine si l’on distingue le contour du stade qui s’étire au milieu des champs.
Sur la gauche le parking et à droite le site… Le transport de l’un à l’autre se fait en remorque tirée par un tracteur… Pittoresque mais pas vraiment confortable ! L’ancien parking tout à coté du site est fermé et bien gardé par les « jandarma » Dessous il y a des trésors, nous confie un gardien. Des fouilles sont prévues à cet emplacement. Et ce qui apparaît au premier regard c’est en effet cette impression qu’il y a ici encore beaucoup de vestiges à découvrir… Et que les moyens financiers ne sont pas à la hauteur de la tâche !
Sur ce haut plateau de l'Anatolie occidentale, au nord-est de la Carie, les fouilles d'Aphrodisias ont révélé son extraordinaire beauté. Toujours en cours, elles sont moins avancées que celles d’Ephèse, mais Aphrodisias rivalise depuis longtemps avec la cité d’Artémis, tant ses vestiges sont remarquables.





Aphrodisias a commencé d'attirer voyageurs et archéologues dès le XIXe siècle. Des fouilles ont été menées au début du siècle par le français Paul Gaudin, puis dans les années 30 par l'équipe italienne du professeur Giulio Jacopi.
A partir de 1961, un programme de fouilles d'études et de restauration, dirigé par le professeur Kenan Erim, (jusqu'à sa mort en 1990), a regroupé des chercheurs américains, anglais, français, italiens et autrichiens. Les campagnes continuent à se succéder chaque année sur ce site qui est l'un des plus spectaculaires de Turquie.

Habitée depuis le néolithique, Aphrodisias fut le centre de culte de la Déesse mésopotamienne de l'amour et de la guerre Ishtar, connue plus tard sous le nom d'Aphrodite. Le culte d'Aphrodite (aussi fort que celui d'Artemis à Ephèse) attirait un très grand nombre de pèlerins et la cité devint un centre artistique et culturel. Réputée pour son enseignement de la philosophie, de la médecine, de l'astronomie, elle sera célèbre pour son école de sculpture qui produira des oeuvres largement répandues dans l'empire romain.

Un violent tremblement de terre, en 350 et 360, détruira la plupart des bâtiments. La remontée des nappes d'eaux souterraines inondera la cité. La proclamation par l'empire byzantin du christianisme comme religion d'état, en 391, marquera la fin difficile du culte d'Aphrodite. Le temple sera converti en église. Aphrodisias, rebaptisée Stavrapolis (Cité de la Croix) deviendra un évêché. Constantin fera détruire les plus beaux monuments pour édifier des remparts qui ne résisteront ni aux raids seldjoukides, ni aux Turcs qui raseront la cité lorsqu'ils envahiront l'Anatolie entre les XIème et XIIIème siècles. La région, fragilisée par les incursions arabes en provenance de l'Est sous le règne de l'empereur Héraclius, ne sera pas épargnée par les conflits religieux, les crises économiques et les épidémies. Un violent tremblement de terre, dans les années 640-641, provoquera des dégâts considérables. Tamerlan rasera de nouveau la cité en 1402. La fertilité des sols de la région favorisera le développement du village de Geyre à partir du XVème siècle.
Un nouveau séisme, en 1956, détruira le village construit sur les ruines et permettra aux archéologues d’entreprendre un véritable programme de fouilles.



Le Tétrastoon était un lieu de réunion et de marché d'où les citoyens avaient accès au théâtre.





















Le Théâtre d'une capacité de 10 000 spectateurs fut construit durant la période tardive hellénistique (100 av.J.C.) et modifié à la fin du IIe siècle ap. J.C.


La ville s’ornait d’une vaste agora de 205 x 120 mètres entourée de portiques. Le portique de Tibère constitue le seul vestige d’une basilique où l’on a découvert une statue colossale pesant plusieurs tonnes. Il conduisait aux thermes datant d’Hadrien.



En Passant... un peu de botanique... Mauve et camomille



Les Thermes d'Hadrien (début du IIe siècle ap. J.c.) étaient un imposant centre thermal composé d'au moins cinq grandes galeries, d'une palestre (cour à colonnades) et de nombreuses salles destinées aux diverses phases du bain romain (caldarium, tepidarium, sudatorium...). On peut encore voir, par endroit, le sol pavé de dalles noires et blanches…



L'Odéon, de forme semi-circulaire comportant 12 rangées de sièges décorées de pattes de lion, pouvait recevoir 1 700 personnes. Des dauphins chevauchés par Eros étaient sculptés sur les accoudoirs de marbre. L'orchestra était orné de mosaïques et de statues conservées au musée d'Aphrodisias. Il était relié à l'Agora qui aligne des portiques ioniques et où se trouvaient les statues d'importants personnages de la cité.





Eros chevauchant un dauphin .....











..... Et patte de lion



Le Stade qui autrefois accueillait sportifs et gladiateurs est remarquablement bien conservé. Il mesure 262m de long sur 59m de large avec 22 rangées de gradins et pouvait contenir environ 30 000 spectateurs.



Le Temple d'Aphrodite
Au centre de la cité, s’élève le temple d’Aphrodite construit au Ier siècle av. J.-C. sur un sanctuaire plus ancien. C’est l'un des plus importants édifices dédiés à la déesse de la nature, la beauté, l'amour et l'abondance. Il ne reste que 14 colonnes ioniques des 40 qu’il a compté. Il fut converti en basilique chrétienne au Ve siècle par les Byzantins.


Dans l’alignement du temple on aperçoit plus loin le majestueux Tetrapylon qui devait constituer l’entrée principale de la ville antique.
A l’arrière plan, la chaîne de l’Akdağ, dominée par le dôme du Baba Daği (2308m) coiffé d’un bonnet blanc et la tête dans les nuages.



Le Tetrapylon ou Propylon est une porte monumentale du II siècle ap. J.C., élevée sous Hadrien d'où partait une voie menant au Temple d'Aphrodite.




A proximité du Tetrapylon, sur les lieux où il a dirigé les fouilles pendant 29 ans Kenan Tevfik Erim repose depuis novembre 1990.


Le musée abrite une impressionnante collection de sculptures de mosaiques et de sarcophages.