mercredi 4 février 2009

Feyza Oyat


Exposition de miniatures, enluminures et papiers découpés au palais de Dolmabahçe (1 octobre 2007).

Tezhib – Minyatür – Katı'
C’est sous cette trilogie que Feyza Oyat a présenté sa première exposition personnelle au Palais de Dolmabahçe en octobre 2007.

C’est une « petite bonne femme » pleine d’énergie et de curiosité, d’humilité aussi. Avant d’exposer seule, sous la pression d’amis qui l’ont encouragée, elle a participé à plusieurs expositions collectives (« Erguvan Vakti », musée des Arts de l’Islam, Istanbul, mai 2007 et Taksim Sanat Galerisi avec 20 autres artistes). Professeur d’arts plastiques à la retraite, sa soif de connaissances ne s’est jamais tarie.
« Öğrenmeye aşkla bağlı » dit-elle! Et elle en à revendre de l’amour pour ces arts traditionnels dont elle a suivi assidûment les cours depuis 10 ans, et qui ont influencé largement sa création artistique.



Elle a enseigné plusieurs années à Ankara avant d’être mutée à Istanbul. « Une grande chance pour moi cette mutation », commente-t-elle, qui lui a permis de s’inscrire au cours du Prof. Dr. Süheyl Ünver de l’Université Cerrahpaşa, puis à ceux du Centre de Formation de la Direction des Palais Nationaux.

Elle aime par-dessus tout le moment de mettre en application les nouvelles techniques maîtrisées, enluminure (tezhib), miniature, papier découpé (Katı'), peinture sous verre (camaltı), papier marbré (ebru), pose de feuilles d’or (altın varak kaplama), l’instant ou elle va pouvoir laisser libre cours à son imagination créatrice, faire revivre ces techniques laissées dans l’ombre plus d’un siècle et enfin remises à l’honneur depuis quelques années.

Du 1er au 11 octobre elle a pu présenter 101 œuvres à un public curieux et admiratif découvrant des merveilles de finesse dues à un travail acharné et une patience infinie.
« Je travaille avec un immense plaisir. Je n’ai qu’un regret : ne pas avoir connu ces techniques plus tôt. J’ai envie de faire encore tant de choses… Apprendre à souffler le verre, réaliser des œuvres sur cuir avec les techniques que je connais, et pourquoi pas travailler près d’un menuisier pour découvrir un matériau dont je n’ai pas encore exploré les ressources … »
Insatiable dans la recherche des techniques de l’art décoratif, elle a même créé des plats en céramique s’inspirant de ceux d’Iznik. Un de ses tableaux reprend d’ailleurs les motifs de çini dans une composition tout à fait originale, qui n’a pas été exposé en octobre 2007.



















L’art du Tezhib (enluminure)L’enluminure a un long passé parmi les arts décoratifs turcs. Il tient une place spéciale dans l’ornementation des manuscrits et a acquis une variété de styles à travers les siècles, pour atteindre son apogée à l'époque ottomane. En travaillant dans les nakkashane (atelier de peinture) du palais, les muzehhip ont créé les exemples parfaits de cette forme d'art, qui a survécu jusqu'à nos jours. Certains artistes ont signé leurs ouvrages alors que d'autres peuvent être reconnus à leurs styles. Tous se sont entraînés dans un système d'apprenti maître.
Depuis une dizaine d’année l’art de l’enluminure a suscité un regain d’intérêt chez les artistes turcs et 2 « écoles » sont en compétition. Il y a ceux pour qui cet art traditionnel doit scrupuleusement respecter les modèles des maîtres ottomans et ils s’attachent à créer de nouvelles compositions exclusivement à partir des formes et dessins classiques. Les autres donnent une interprétation plus personnelle et introduisent des techniques variées dans la réalisation de leurs créations. Leurs compositions ne se limitent plus à l’illustration décorative de textes. Elles s’affranchissent du support livresque et change de format pour devenir tableau.
L’art du Katı' (papier découpé)Le papier découpé est un art d’origine chinoise remontant à plus de deux mille ans. Il s’est propagé au japon pour devenir « kirie », puis ensuite jusqu’au moyen orient et en Europe par la Route de la Soie. Dans chaque pays il s’est développé de manière différente.
Sous le règne de Soliman le Magnifique, il était considéré comme un art à part entière et il s’est enrichi tout au long du XVIIe et XVIIIe siècles, avant de tomber lentement dans l’oublie au XIXe s. concurrencé, comme les autres arts traditionnels, par la peinture sous l’influence de l’art européen.
D’importants travaux de recherches sur cet art ont été entrepris dès 1920 par le prof. Süheyl Ünver, qui a fait paraître en 1980 un ouvrage à ce sujet : « Türk İnce Oyma Sanatı »
Sur ses traces, sa fille Gülbün Mesara a publié en 1991 et 1998 « Türk Sanatında İnce Kağıt Oymacılığı ».




Texte et photos publiés dans le journal de « La Passerelle Info » No 46 en janvier 2008 et réactualisés ce jour.

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